El Salvador

Nous sommes finalement arrivés à la frontière avec le Salvador, dont le passage c’est très bien passé, abstraction faite du temps d’attente. Mais ça c’est normal et on commence à être rôdés. Sinon ce sont les étapes habituelles :

  • Côté hondurien : Annulation de l’importation temporaire de la moto et tampons de sortie sur nos passeports.

  • Côté salvadorien: Tampons d’entrée sur nos passeports et document d’importation temporaire pour la moto.

Et pour une fois il n’y a rien à payer !!

L’assurance que j’avais conclue au Guatemala est aussi valable pour le Salvador, donc aucune démarche supplémentaire n’est nécessaire.

Après toutes ces péripéties (je fais référence à la crevaison rencontrée lors des derniers kilomètres au Honduras) nous sommes bien contents d’avoir réservé un hôtel juste après la frontière pour notre première nuit au Salvador et un repos bien mérité…

Le Salvador est le plus petit pays d’Amérique Centrale avec une superficie équivalente à la moitié de la Suisse, et sa population de plus de 6 millions d’habitants en fait le pays le plus densément peuplé du continent américain.
Au cours du 20ème siècle, la politique du pays est marquée par un régime autoritarisme militaire et la création de guérillas qui mèneront à une guerre civile faisant plus de 100000 morts entre 1980 et 1992. Après la guerre civile, le pays demeure concerné par une forte criminalité ainsi que par la présence de plusieurs gangs qui s’affrontent et abusent de la population. La situation dure jusqu'aux années 2020 et l’arrivée au pouvoir du président Nayib Bukele. Ce dernier engage une féroce répression des gangs, sous un régime d'exception de trente jours régulièrement renouvelé, et réussit en quelques années à éradiquer la criminalité. Le nombre d'homicides est passé de 87 pour 100000 habitants en 2019 à moins de 3 en 2023. Voilà pour le petit cours d’histoire et merci à Wikipédia.

Les infrastructures ont l’air nettement meilleures qu’au Honduras, et c’est sur une route sinueuse au revêtement parfait que nous effectuons les 150 kilomètres qui nous mènent jusqu’à la ville de Santa Ana. La chance est avec nous dans notre malchance, car c’est à quelques kilomètres du but que je remarque que la pression de mon pneu arrière est à nouveau en train de baisser. La réparation effectuée hier ne tient pas, mais on arrive toutefois à atteindre l’hôtel. Il est 13h et je me mets donc à la recherche d’un nouveau train de pneus, ce qui est loin d’être évident car ici la plupart des motos sont des petites cylindrées.
Et c’est dans ces moments que l’on se rend vraiment compte de ce que signifie la solidarité motarde !! Un WhatsApp à Sebastiaan qu’on avait rencontré à Guatemala City et qui habite à San Salvador, qui lui même appelle Gabriel, un de ses amis motards. Ce dernier fait plusieurs téléphones et réussi à me trouver 2 pneus dans un des magasins de la ville. Et une heure plus tard un autre gars prénommé Jaime passe me prendre à l’hôtel pour m’emmener acheter les 2 pneus neufs. Il est déjà tard et on verra avisera demain ou lundi pour le montage.

Le dimanche sera finalement dédié à l’opération changement du pneu arrière. Avec l’aide de Don Felipe, nous démontons le pneu et trouvons un spécialiste ouvert le dimanche qui nous fait le job en un quart d’heure. Ensuite remontage, et tout est rentré dans l’ordre. Nous sanglons encore le pneu avant neuf sur la moto, et je le ferai changer dans un garage à San Salvador. Nous invitons ensuite Don Felipe et son épouse au restaurant, pour les remercier de leur aide et de leur gentillesse. Et en retour ils nous invitent à passer la soirée chez eux, afin de goûter à la Pupusas, une spécialité culinaire de la région.
Merci encore à Sebastiaan, Gabriel, Jaime et Don Felipe qui se sont investis pendant 2 jours afin de résoudre notre problème de pneus au plus vite. Des gens absolument serviables et d’une gentillesse remarquable !! Des gens tout simplement merveilleux…

L’étape suivante nous fait emprunter la route des fleurs qui traverse plusieurs villages typiques du Salvador comme Ataco, Apaneca et Juayúa. C’est une route qui serpente dans une végétation abondante où se mêlent divers arbustes en fleurs, plantations de café et autres arbres tropicaux. Nous prenons ensuite dé l’altitude pour nous rendre au parc national du Cerro Verde, tout près des volcans Cerro Verde, Izalco et Santa Ana. Nous sommes à 2000 mètres d’altitude et nous apprécions d’avoir une température aux alentours des 20 degrés. Il y a par contre un peu de brouillard et nous ne pouvons pas vraiment voir les volcans. Nous redescendons ensuite sur les bords du Lago de Coatepeque oú nous passons la nuit. Ce lac se situe dans un immense cratère formé par des éruptions volcaniques il y a plusieurs milliers d’années, un peu comme le lac Atitlan au Guatemala.

Le lendemain, le brouillard s’est levé et on décide de remonter au Cerro Verde pour le petit déjeuner. On peut dire que c’est un détour que nous n’avons pas regretté car le panorama est vraiment magnifique. Après cet intermède, nous redescendons dans la fournaise et c’est par une température proche des 40 degrés que nous effectuons le trajet jusqu’au village de Suchitoto. C’est vraiment pénible de rouler par ces températures extrêmes et nous sommes exténués en arrivant à l’hôtel.
Suchitoto est un joli village colonial et artisanal aux rues pavées, où il fait bon se balader. L’ambiance locale y est paisible, surtout autour de la place centrale avec sa belle cathédrale, la Parroquia de Santa Lucia. Le village se situe au bord du lac Suchitlan qui est le plus grand lac artificiel du Salvador.

Un passage par San Salvador n’était pas vraiment au programme mais le changement de notre pneu avant nous y a contraint. On quitte donc Suchitoto de bon matin afin d’effectuer les 50 kilomètres qui nous séparent du centre ville. Le début est roulant mais nous mettons près d’une heure pour effectuer les derniers 20 kilomètres, dans les bouchons et la pollution. Nous arrivons enfin chez Revit El Salvador, où nous laissons la Salamandre entre de bonnes mains. Quelle surprise de faire la connaissance de Nelson, le patron du magasin-atelier, qui est distributeur officiel de Motorex pour le Salvador et le Guatemala. Il va chaque année faire de la moto en Europe, et sa Ducati Multistrada est parquée au siège de Motorex à Langenthal. Le monde est décidément tout petit et notre carnet d’adresse s’enrichit d’une nouvelle belle rencontre !
Nous passons le reste de la journée à visiter le centre historique de San Salvador, où les attractions principales sont regroupées autour de la place centrale. Il n’y a pas grand chose à voir, mais l’on peut mentionner la cathédrale, le théâtre national et l’ancien palais du gouvernement. C’est la capitale du pays et la seconde ville la plus peuplée d'Amérique centrale après Guatemala City.

Nous quittons San Salvador pour la côte pacifique afin de faire deux jours de balnéaire. La route sillonne dans un décors de collines, avant de plonger vers la côte. Nous passons rapidement du climat chaud et relativement sec de l’intérieur des terres, au climat chaud et humide des rives du Pacifique. Et rouler à moto par près de 40 degrés et avec 80% d’humidité, c’est très très pénible. Heureusement nous arrivons tôt à l’hôtel et une longue baignade dans la piscine sera nécessaire pour retrouver une température corporelle normale. Même en soirée, l’atmosphère est étouffante et l’air est brulant. Et nous avons droit à un fort orage tropical qui amène une légère brise, mais ça ne fait pas vraiment baisser la température…
El Tunco est un tout petit village qui se résume en une route en sens unique bordée par des hôtels, restaurants et bars. On y trouve une belle plage de sable noir où l’on peut admirer le célèbre rocher d'El Tunco. Les baigneurs partagent ce lieu avec les surfeurs, car les vagues du Pacifique sont plus propices à la pratique de ce sport qu’à la baignade.

Après cet intermède au bord de l’océan, nous reprenons la route pour deux étapes de transitions. La première nous mène jusqu’à la ville de San Miguel qui se trouve à quelques 60 kilomètres de la frontière. Ce sera notre dernière étape au Salvador, ce petit pays qui était encore très peu visité il y a moins de 3 ans, à cause de la criminalité qui y règnait. Nous y avons rencontré des gens absolument merveilleux, très accueillants et toujours prêts à nous venir en aide. Le Salvador n’est pas encore envahi par le tourisme de masse et on peut y faire de très belles découvertes, pour qui aime sortir des sentiers battus. Et à aucun moment nous ne nous sommes senti en insécurité, bien au contraire.

Nous effectuons ensuite encore une journée de roulage au sud du Honduras, car c’est un passage obligé afin d’atteindre le Nicaragua. Nous quittons donc San Miguel aux aurores afin d’éviter la chaleur et d’arriver tôt à la frontière. La sortie du Salvador s’effectue très facilement, tout étant bien organisé et gratuit, comme lors de l’entrée. Mais que dire du passage au Honduras !! Je déteste le Honduras et ses fonctionnaires corrompus qui trouvent tous les moyens possibles pour soustraire de l’argent aux touristes étrangers. Aujourd’hui ils ont décidé de me faire payer un tarif totalement arbitraire pour l’importation temporaire de la moto. Le prix officiel est de 790 Lempiras, mais ils ont décidé que ça serait 1000 Lempiras sous prétexte que c’est dimanche. Et quand j’ai dit que lors du passage Guatemala-Honduras il y a 3 semaines j’avais payé 790, ils m’ont répondu que si je ne suis pas d’accord je peux attendre jusqu’à lundi… Bande d’enfoirés !!! Après une heure de patience à faire des sourires hypocrites, nous sommes finalement passés.
Nous effectuons encore une centaine de kilomètres et passons la nuit dans une jolie Posada, en pleine nature et tout près de la frontière du Nicaragua, dont le passage est au programme pour demain...

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